Parce que le bois est une matière noble et de plus en plus coûteuse, les merrandiers et les tonneliers du groupe Barthe ont à cœur de ne pas le gaspiller. « Notre objectif est d’utiliser le bois au mieux, tout en maintenant le même niveau de qualité pour nos produits, indique Eric Barthe, directeur général du groupe. Cela implique d’optimiser nos achats de bois, la gestion de notre production et les rendements que nous pouvons obtenir des pièces de bois brut. »
« Nous mettons en place des évolutions afin d’éviter une surconsommation de bois. Nous avons tiré profit du ralentissement de la production après l’apparition du Covid en 2020 pour y réfléchir. A la tonnellerie de Beychac, nous avons apporté quelques modifications à notre process de fabrication qui vont permettre une économie significative », explique Philippe Trouvé, responsable Qualité Sécurité Environnement.
« Nous avons aussi le projet de remplacer la machine qui à l’atelier transforme les merrains de bois en douelles pour les fûts, ajoute Antoine Bachellier, directeur d’établissement à Beychac. Nous avons rencontré plusieurs fournisseurs pour trouver un équipement qui corresponde mieux à nos besoins en qualité de production et en capacité de travail, afin d’obtenir un meilleur rendement du bois. Travailler quelques millimètres supplémentaires sur chaque douelle nous permettrait au final sur une année de gagner un volume important de bois, et de produire ainsi plus de fûts. Avec cette nouvelle machine, nous aurons également moins de maintenance et donc plus de productivité, le tout avec une qualité de production constante voire encore meilleure ».
Les actions pour travailler au mieux le bois concernent aussi la merranderie du groupe Barthe dans l’Allier. « Nous réfléchissons ensemble, en prenant en compte les contraintes de tous, merrandiers et tonneliers, confie Mathieu Curbilié, directeur de la merranderie. Pour fabriquer les merrains à partir des grumes de bois, nous essayons de couper au plus large dans la partie noble de la matière. Un millimètre de gagné sur chaque pièce de bois, c’est plusieurs dizaines de mètres de bois supplémentaires chaque année pour fabriquer des merrains. Pour limiter au maximum les pertes de bois, il faut s’en remettre à l’expérience du merrandier. Une machine trieuse, dotée d’une tête de lecture laser pour mesurer les bois en largeur, longueur et épaisseur, pourrait permettre une lecture encore plus intelligente du bois, pour encore plus de précision. C’est un projet. Mais chaque bois est différent. La technologie n’est pas assez avancée à ce jour pour analyser toutes les singularités du bois ».
DES BÛCHETTES A BASE DE DÉCHETS DE BOIS
Dans le groupe Barthe, cela fait déjà plusieurs années que l’on ne jette plus les sciures et autres déchets de bois issus de la fabrication des barriques. Ces résidus sont compactés avec une presse pour façonner des bûchettes, qui sont ensuite utilisées dans les braseros pour la chauffe des barriques, à la tonnellerie Boutes.
« Nous avons l’objectif de valoriser financièrement ces bûchettes. Actuellement notre presse nous permet d’en fabriquer pour une utilisation en interne et nous pouvons aussi en vendre à un prestataire à 50 € la tonne. Mais nous pourrions améliorer notre production de bûchettes et les commercialiser auprès de distributeurs et de revendeurs à 250 € la tonne. Il nous faut pour cela une presse plus performante », explique Damien Laval, qualiticien du groupe Barthe.
« Nous avons essayé d’autres presses et ces tests ont été concluants », ajoute Philippe Trouvé, responsable Qualité Sécurité Environnement dans le groupe. « Nous avons pu fabriquer des bûchettes rectangulaires de bonne qualité, qui permettent une meilleure qualité de chauffe pour nos braseros, et qui pourraient intéresser des revendeurs », indique Damien Laval.
Pour Antoine Bachellier, directeur d’établissement sur le site Boutes à Beychac, le projet a du potentiel : « Nos bûchettes sont 100% chêne, sans paraffine, sans additifs, et on pourrait les faire certifier PEFC. Nous allons faire d’autres tests pour bien choisir la presse appropriée, qui constituera un investissement important. Il faut aussi nous assurer que nous aurons des marchés, des clients pour ce type de produit qui n’est pas notre métier de base. »
À la merranderie du groupe Barthe dans l’Allier, les déchets de bois sont également valorisés. « Nous les vendons à des entreprises produisant des granulés de bois pour les chaufferies, des fabricants de meubles en aggloméré de bois, et à un papetier », indique Mathieu Curbilié, le directeur du site.
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